Rubrique 1

Alexandre Buttler

directeur du Laboratoire des systèmes écologiques (ECOS), EPFL

Face au changement climatique, les arbres sont confrontés à trois scénarios: l’adaptation, la migration en altitude ou l’extinction. De 2013 à 2018, le projet de recherche Climarbre a observé ce phénomène sur le même principe du transect altitudinal que le projet pionnier Mountland, mené entre 2008 et 2013.

L’équipe d’Alexandre Buttler, directeur du Laboratoire des systèmes écologiques (ECOS) de l’EPFL, a prélevé 200 jeunes pousses d’épicéas et de hêtres à environ 1400 m d’altitude (Col du Marchairuz) et les a soumis à des climats plus doux et plus secs à des altitudes plus basse, notamment sur le site le plus extrême de Bois-Chamblard. Une analyse précise de l’écophysiologie de ces jeunes arbres, de leur croissance, du rythme de développement et de la morphologie des feuilles de hêtre et des aiguilles d’épicéas, a permis de déterminer les capacités d’adaptation de ces deux espèces très présentes et importantes économiquement en Suisse.

Une thèse, des publications scientifiques et des travaux de master menés à l’EPFL et à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL ont permis de voir que le hêtre présente plus de «plasticité foliaire» que l’épicéa: ses feuilles se transforment en cours de saison, indiquant une faculté d’acclimatation plus rapide aux conditions environnementales auxquelles les scientifiques les ont soumises.

Les recherches Climarbre et Mountland ont montré que le maintien d’arbres protecteurs dans les pâturages de moyenne montagne contribue à limiter les effets de la sécheresse sur les sols et à maintenir une production végétale dans les herbages, même durant les périodes de canicule. Le hêtre est un bon candidat pour jouer ce rôle.